Le blog de la Guilde des Plumes

Conférence d’automne de la Guilde : avancer sans certitudes… et bien le vivre !

3374 signes espaces compris

Des certitudes, j’en avais peu en arrivant le vendredi 2 décembre 2022 à l’ISCOM, sur les coups de 9 heures. Je savais, tout au plus, que j’aimais écrire. Et que les membres de la Guilde étaient accueillants. Je me présentais, en somme, comme à l’apéritif parisien de l’été 2022 : étudiant, modeste aspirant-plume, la tête pleine d’interrogations.

Soyons directs : j’ai été fasciné de constater que tout le monde partageait cette passion des mots, et se réjouissait de pouvoir jeter collectivement sur celle-ci un regard réflexif. J’ai aimé suivre la logique de ces avis nuancés, nourris de longues méditations personnelles, et enrichis par les remarques attentives de l’assistance, malgré les divergences politiques. Le contrepoint réalisé au cours d’une table ronde par Jérémie Suissa et Solène Thomas m’a semblé harmonieux et pertinent. Le thème écologiste qui le traversait était percutant, tandis que l’analyse de LinkedIn me faisait découvrir l’importance d’un outil que je sous-estimais. Vinrent ensuite les confidences de Sophie Walon sur les coulisses de son activité de conseillère discours à l’Élysée. J’étais alors très admiratif : la perspective de travailler pour le chef de l’État en ayant eu auparavant une fibre essentiellement philosophique et artistique me renvoyait à mon propre vécu de jeune normalien encore en quête de son avenir. Il fallait cependant s’en tenir là, et mettre fin à la première moitié de cette journée – mention spéciale pour mon voisin du déjeuner, professeur de marketing et communication à l’ISCOM, avec qui j’ai pu avoir une discussion aussi édifiante qu’inattendue.

Puis ce furent les ateliers. Je me suis laissé tenter par celui de Benoît Joxe. Je ne l’ai pas regretté : l’approche était concrète et détaillée, et le visionnage de quelques discours, célèbres pour leur originalité, m’a séduit. Oui, je ressortais convaincu que je pourrais, à l’avenir, rester fidèle à ma fibre littéraire, même dans des contextes appelant au pragmatisme. Avec Anne Pédron-Moinard, nous avons envisagé ensuite, là aussi très concrètement, les différentes manières de se lancer en tant que plume indépendante. En sortant, je n’avais qu’une envie : m’inscrire sur Malt et me mettre au travail.

Je ne m’en suis pas caché au moment de prendre la direction du bar, une fois prononcé l’émouvant mot de notre présidente : j’avais du mal à assimiler tout ce que j’avais entendu au cours de cette journée (surtout quand la novlangue des start-ups faisait irruption, même si, apparemment, personne ne sait vraiment à quoi elle sert). Mais dans les jours qui ont suivi, j’ai pris conscience d’une donnée qui me semble importante : le métier de plume demande d’accepter une certaine instabilité, que ce soit dans le statut mais aussi plus largement sur un plan intellectuel. Je crois qu’il faut sans cesse s’adapter à des domaines inconnus, apprendre à se plier à des contraintes extérieures délicates – et se retrouver parfois sans inspiration, même face à un sujet que l’on pense maîtriser. Au fond, je ne sais pas grand-chose de mon futur champ de spécialisation, ni même du moment où plume sera mon métier. Mais visiblement, l’incertitude fait partie du parcours, et je finis par trouver cette idée stimulante. Après tout, j’aime écrire, et mettre à l’épreuve mon usage des mots. Alors je reste sur cette intuition, et on verra pour le reste après, non ?