Le blog de la Guilde des Plumes

Voler de ses propres ailes : retour sur le café freelance du 4 décembre

5793 signes espaces compris

Tout bon vendeur de couette vous le dira : plus il y a de plumes, plus ça tient chaud. Etre entouré de vingt-cinq autres plumes, même à distance, ça aide beaucoup à réchauffer un vendredi matin de décembre. Surtout que le sujet du jour, c’était nous. Plus précisément, nous « tous seuls » : les plumes freelance, celles qui le sont ou celles qui veulent l’être, les pièges rencontrés et les astuces trouvées par les uns et des autres, les enjeux de la crise et des confinements.

En une heure, nous n’aurons bien sûr pas tout vu, mais avons abordé , grâce à nos regards croisés, cinq questions sur lesquelles nous nous sommes promis de revenir régulièrement  Quand et pourquoi se lancer ? Comment se définir ? Comment se structurer (ou non) ? Où sont les -bons- clients ? Avec qui travailler ? L’ordre des questions faisait l’ordre du plan, même si elle se posent en réalité un peu toutes en même temps.

 Se lancer. 

C’est une question qu’on peut se poser longtemps, sans pour autant oser finalement le faire. Parfois, le fait d’en avoir parlé autour de soi pendant des mois, d’être encouragé à sauter le pas, aide à trouver le courage, presque plus par fierté que par vraie conviction que ça marchera. Souvent, c’est le constat que l’emploi parfait, où on aura à la fois la liberté de la plume -en termes de diversité de sujets, de plaisir d’écrire et de positionnement  spécifique- et la sécurité du CDI, est impossible à trouver, ou déjà pris. Il arrive de ne pas avoir pas besoin de choisir, qu’une activité de freelance se lance alors qu’on est en poste, et que salariat et indépendance coexistent bien au prix d’une bonne organisation et d’une séparation claire entre les sujets et les domaines d’intervention. Dans tous les cas, les discussions avec d’autres freelance, y compris dans d’autres secteurs, les rencontres et les projets communs sont la meilleure manière de se lancer. Seul, mais bien accompagné.

Se définir. 

Selon son parcours professionnel, ses envies, ses clients, on cherchera à se définir uniquement comme plume -quitte à s’associer à d’autres pour apporter les compléments nécessaires- ou à conserver plusieurs facettes, en englobant le métier de plume dans une offre plus large. Ce qui est indispensable, c’est de comprendre à quels besoins on peut répondre, qui identifie notre plus-value, comment mieux la faire comprendre, comment mieux la valoriser -économiquement et symboliquement- pour être intégré le plus en amont possible à la décision -stratégique et économique. Ce que l’on conçoit bien s’énonce clairement, et les mots pour le dire -plume ou pas, chimiquement pure ou non- arrivent alors aisément.

Se structurer (ou pas). 

Portage salarial, auto-entrepreneuriat, choix d’une forme sociale, … Les options sont nombreuses, et varient selon les besoins de chacun. La première étape -commune avec les questions précédents- est donc souvent de mettre par écrit les choses que l’on a envie de faire, ce qui aide aussi à bien choisir sa forme d’exercice. Pour faire le bon choix, et définir ses objectifs économiques, il n’est pas inutile d’être accompagné : soit le faire à plusieurs, dans le cadre d’une structure souple où chacun récupère ce qu’il apporte ; soit avoir les conseils d’un cabinet de conseil et/ou d’un avocat ou d’un comptable. La sécurité comme première des libertés : ainsi parlait Christian Estrosi.

 

(Se) développer.

Passer du salariat à l’indépendance : révolte ou révolution ? Libre à vous de régler vos comptes avec vos anciens patrons ou collègues. En revanche, il y a des vrais changements. D’abord définir autrement le prix de son temps, à la fois pour soi -le temps passé, souvent bien différent du prix au feuillet – et pour le client -en fonction du temps que vous lui faites « économiser ». Chacun aura plus ou moins d’appétence pour cela, mais les premiers contrats aident à mieux définir son approche -donc autant être prudent au début, et demander conseil, pour ne pas se trouver trop vite dans une situation déséquilibrée. Ensuite, apprendre à faire sa propre communication, non plus dans une logique de mobilité professionnelle ou d’esprit corporate mais pour -mieux- se faire connaître de clients potentiels, en valorisant ses réalisations comme autant de projets potentiels. Loin des yeux loin du cœur ?  Pas forcément : le contexte limite certes les rencontres informelles -déjeuners, congrès, …- mais c’est aussi le moment pour garder le lien avec ses contacts et expérimenter d’autres manières de se faire connaître, via les réseaux -sociaux, certes, mais aussi les réseaux d’élus, d’entreprises, surtout au niveau local, surtout pour ceux qui exercent dans des régions où l’offre de plume est moins riche. Enfin, rester ouvert quant à de nouvelles opportunités, être capable de faire évoluer son offre en fonction de ce que demandent les clients, et ainsi enrichir son répertoire et élargir son terrain de jeu.

 

S’associer/s’adosser.

Arrivés à la dernière question, nous y avions déjà beaucoup répondu, car elle croise toutes les autres. Que l’on soit « pur » freelance ou associé pour voler en escadrille, que l’on crée sa marque et sa SA ou que l’on travaille comme auto-entrepreneur ou en portage salarial, on est amené à travailler avec -et pour- d’autres : pour répondre à des appels d’offre plus large, pour tester et proposer de nouvelles offres, pour se former, …. Là aussi, le contexte limite les rencontres, mais le simple fait de se lancer -et de le dire- fait aussi naître des projets et des partenariats que l’on n’aurait pas imaginé. « Want more and more, people just want more and more, freedom and love, what he’s looking for »

Bref, pendant une heure, on s’est sentis moins seuls face à nos doutes et à nos questions. Sans pour autant se sentir moins libres d’y répondre comme on le souhaitait.