L’écriture administrative peut être un outil d’inclusion !
Qui n’a pas des sueurs froides à chaque fois qu’il doit remplir les cases et les champs d’un formulaire administratif ?
Quand on doit compléter un formulaire, dès les premiers mots, l’angoisse monte, et avec, la peur de mal faire.
C’est ce que on appelle phobie administrative (avec une pointe d’humour depuis que le secrétaire d’Etat, Thomas Thévenoud, a dû quitter son poste du fait de déclarations d’impôts sous-évaluées au motif de cette phobie). Elle touche en réalité beaucoup de monde dans toutes les strates de la société.
Mais au-delà, se pose la question de l’accessibilité pour les personnes ayant un handicap intellectuel, un niveau d’éducation très succinct ou ne maîtrisant pas la langue française.
Comme pour beaucoup de handicaps, on s’arrange en demandant de l’aide autour de soi ou en faisant appel à un écrivain public qui fera la traduction du vocabulaire administratif.
L’écriture administrative, dite écriture grise, est donc une pierre angulaire de notre fonctionnement de société, et elle est également révélatrice de comment la société prend en compte la diversité de ses administrés.
Et c’est là qu’est l’os car tous les administrés ne sont pas logés à la même enseigne si le mode d’expression de l’administration les empêche d’accéder à leurs droits et de comprendre leurs devoirs.
Pour tout ce qui relève de la citoyenneté, cela crée pour les publics fragiles une rupture d’égalité, les tenant à distance du bureau de vote, des mairies ou des préfectures.
Pour y remédier, des actions ont été impulsées ces 20 dernières années par les associations de handicap comme l’Unapei, pour demander à l’administration de simplifier le langage administratif mais aussi les pratiques d’écriture.
L’écriture administrative ne tient pas qu’aux formulaires, sites internet et autres supports écrits, elle concerne tous les échanges avec le public, sous forme de courrier, de mails, de publicité sur les lieux publics. Pour cela, il est préconisé depuis la loi ADAPT de 2015 d’utiliser le langage FALC (Facile à lire et à comprendre).
Le FALC consiste à expliciter chaque concept, à utiliser des mots de la vie courante, et d’être explicite sur les actions attendues de la part de l’administré. Pour chaque action, on utilise le « Je » qui ramène à l’utilisateur du service : « Je fais ma déclaration d’impôt », « Je demande une attestation de sécurité sociale », …
La plupart des sites gouvernementaux se sont d’ailleurs donnés pour obligation de proposer un mode FALC pour tout ce qui relève des grandes actions de politique publique.
Pour autant, ce n’est pas le cas de tous les supports administratifs, et le FALC figure encore au rang de compétence annexe dans la formation des agents administratifs.
De là à ce que la phobie administrative disparaisse, il faudra du temps !