Le blog de la Guilde des Plumes

Valérie Van Oost, autrice à sensation

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Valérie Van Oost choisit ses mots : elle avance avec précaution, comme le ferait un oiseau. Ses phrases, courtes, précises, atteignent leur objectif. Valérie n’a pas l’habitude de parler d’elle : les questions, c’est plutôt elle qui les pose. Et ce qu’elle adore, c’est justement écrire des portraits.

Valérie a été journaliste, pour le Journal du dimanche, pour Le Point, pour ELLE, où elle est restée. Elle voulait écrire sur la politique, mais ce sont les sujets « culture et société » qu’on lui a confiés. Elle s’est vite aperçue que c’était le bon endroit pour raconter le monde : partir des gens, de leurs problématiques, de leurs vécus, et non des politiques et des institutions. Après 12 ans au magazine, et des fonctions de rédactrice en chef — choisir des sujets, manager une équipe —, Valérie a eu envie de revenir à l’écriture, et à l’indépendance.

Valérie est auteure, non, autrice. Le « e » de « auteure » ne s’entend pas, une petite pièce rapportée qui sonne mal et qu’elle déboulonne : autrice, voilà. Il y a un sens derrière le son : « autrice » est utilisé depuis l’Antiquité, proscrit au XVIIe siècle par la toute jeune Académie française à laquelle ne siègent que des hommes, puis débattu et défendu pendant trois siècles pour se trouver enfin dans le dictionnaire.

Pour Valérie, l’écriture, c’est de l’artisanat. Il faut choisir les mots, les assembler, faire rouler la phrase pour écouter si elle fonctionne, démonter, changer des pièces et atteindre son but : l’audience. L’informer, la transformer. Choisir d’être « autrice », ce n’est pas militer, mais c’est agir. Dans la façon de documenter un sujet et d’en parler, Valérie a cette même préoccupation. Pour ses clients, elle traite de santé, d’innovation, de développement durable et d’éducation financière auprès des femmes : vous savez ? La théorie des pots de yaourt de Titiou Lecoq sur la gestion financière au sein des couples ? L’homme acquiert ce qui a le plus de valeur (le logement, la voiture…) tandis que la femme achète les fournitures du quotidien. En cas de divorce…

Pour la santé aussi, les déséquilibres à corriger sont vertigineux : les symptômes d’un malaise cardiaque pour une femme ne sont pas toujours les mêmes que pour un homme : non, Madame n’était pas seulement nerveuse. Ou encore : la science a mis des années avant de considérer l’intérêt de recherches sur l’endométriose.

Valérie écrit pour ses clients avec la rigueur d’une ancienne journaliste et façonne de petits médias à fort impact. Son format de prédilection : la newsletter. L’atout de l’indépendance, c’est aussi de pouvoir naviguer dans les eaux qui nous appellent. Valérie développe de plus en plus de projets papier : des livres d’entreprises, des livres de commandes. Ce sont des collaborations sur le temps long, qui associent collectes de témoignages, recherches de fond, et vrai travail d’équipe.

Sa préoccupation demeure la proximité avec le lecteur. Pour cela, Valérie parle aux sens : l’ouïe, le goût, l’odorat. Partir de la sensation — cette douleur dans le bras, la lavande sous le soleil d’Aix-en-Provence, les bourrasques sur le sentier des douaniers — est souvent un moyen puissant pour aborder un sujet.

Dans ses romans aussi, Valérie sculpte le parfum du café, compose des couleurs, et tisse le son de la prison. Son quatrième ouvrage est justement sur le métier.

Par Sabrina Daniel-Calonne