Le blog de la Guilde des Plumes

« Prendre la parole, un talent qui s’apprend » – Interview d’Aymar de Chaunac dans Entourages

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« En campagne électorale, la parole est un art. Mais qui demande à être travaillé, perfectionné, maîtrisé pour convaincre les électeurs. »
C’est à partir de ce postulat qu’Entourages, la lettre des métiers politiques, a interrogé des spécialistes de la prise de parole, qui travaillent avec des élus ou personnalités politiques, avec en perspective, les municipales de 2026.

Parmi les personnes interviewées par Fabrice Pozzoli-Montenay, Aymar de Chaunac , consultant freelance, plume, conseil en communication et membre de la Guilde des Plumes.
 Ce sont ses réponses que nous reproduisons ci-dessous.

Entourages : On peut avoir l’impression que la capacité à « bien s’exprimer »serait naturelle. Et qu’en particulier chez les politiques, ce talent serait inné. Mais la prise de parole, l’éloquence, sont des choses qui s’apprennent et se perfectionnent. Comment aidez-vous un politique à devenir un bon orateur ?

Aymar de Chaunac : Cela peut surprendre, mais je conseille fortement de repasser par l’écrit avant d’aborder la parole : pour structurer son discours, pour coucher sur le papier les mots forts qui vont animer la campagne du candidat, pour éliminer des mots violents, brutaux… Et cela permet aussi de construire son récit, au-delà des idées et du programme sur lequel je n’interviens pas.
On peut avoir du bagout, de la spontanéité, être plus extraverti que d’autres, mais cela se travaille : il y a des techniques pour mettre les intonations au bon endroit, dans le choix des mots, une musicalité qu’il faut travailler pour s’exprimer aussi bien en meeting que dans la rue… Même ceux qui ont des facilités dans ce domaine doivent travailler, tester, simuler avant de s’adresser à ses concitoyens

Entourages : Il n’y a pas de grands meetings lors d’une campagne municipale. On est sur les marchés, on fait des réunions d’appartements, des rencontres avec des associations, avec un public assez restreint. Faut-il finalement faire l’effort d’adapter son langage, son discours ?

Aymar de Chaunac : Pour les candidats, en particulier les challengers, il y a une manière de se présenter à leurs concitoyens. Il faut qu’ils aient établi la raison de leur motivation, le ressort de leur engagement… C’est un récit assez intime à mettre en place. Les gens ont besoin de savoir à qui ils ont affaire avant même de connaitre les idées, les propositions. Il y a un besoin de confiance, le maire étant l’élu le plus proche des gens.

Entourages : Quels conseils donneriez-vous à un candidat pour bien démarrer à travailler sa parole ?

Aymar de Chaunac : Les candidats parlent parfois avec trop de technicité, et utilisent des termes qui ne parlent pas aux concitoyens. Il faut traduire cela avec des mots simples, ce qui ne veut pas dire des mots « idiots ». Se débarrasser du jargon techno qui n’est pas compris et crée de la distance. Utiliser les chiffres avec parcimonie et les traduire en images.

Propos recueillis par Fabrice Pozzoli-Montenay

Retrouvez l’article sur Entourages avec les réponses de
Charles Haroche , conseil en technique de communication et média-training et »sparring partner » de débats
Philippe Moreau-Chevrolet : expert en affaires publiques, communication et influence. Senior Advisor chez No Com et Président de MCBG Conseil