Difficile de ne pas être impressionné par son parcours et ses nombreux talents… Laura semble faire partie de celles dont “la valeur n’attend pas le nombre des années” tant ses réalisations et son palmarès démontrent une érudition et un savoir-faire d’écriture assez vertigineux.
“Déjà” publiée chez Grasset pour un recueil de Contes et Légendes, FantasIA, où Laura nous fait plonger avec malice dans l’immensité des ramifications anciennes et actuelles de l’Intelligence Artificielle, on décèle déjà l’étendue de sa culture et de sa soif de savoir. Elle est aussi à l’aise pour imaginer la genèse des réflexions portées par les frères Capek à l’origine du mot robot, que pour étayer les méandres du référencement Google, ou encore proposer des rapprochements percutants entre Diogène et les Captcha !
Et si l’on remonte le fil de sa biographie, Laura n’en est pas à son coup d’essai et manie plusieurs registres.
Lauréate d’un concours d’éloquence – discipline qu’elle enseigne désormais -, où elle est capable d’embraser un amphi tout entier par sa drôlerie et son intelligence des formules, et malgré, nous confie-t-elle, un tempérament plutôt réservé, Laura a par ailleurs déjà beaucoup écrit. On recense a minima : – une pièce de théâtre, – des nouvelles, – deux romans, – une correspondance épistolaire où se succèdent, comme sujets d’investigation, les errements, les espoirs ou les désillusions des hommes et des femmes en prise avec l’Histoire politique et les avancées technologiques du monde contemporain. Dernièrement, elle se donne pour ambition la réalisation – en plusieurs volumes – d’une fresque historique élaborée à partir d’un événement peu connu des non initiés : la révolution populaire de février 1917 en Russie à travers les destins liés du journaliste et écrivain Joseph Roth et de Léon Trotski. Pour les plus ignorants d’entre nous, celle-ci précède et annonce la plus célèbre, celle d’octobre 1917 menée par Lénine.
Au-delà de sa profusion littéraire, et c’est peut-être d’ailleurs là son moteur initial, Laura cherche à comprendre, et à donner à comprendre, mue par une curiosité sans borne. Me rappelant les propos d’Aurélien Bellanger le jour de notre première rencontre lors de la conférence de la Guilde : “le roman est une réaction immunitaire à l’incompréhension”; son écriture vise à répondre à des questionnements, tantôt pour faire lien “dans un monde où il y a tellement de données, de possibilités, de chemins”, tantôt “pour regarder en témoin, en spectateur” et s’amuser de la complexité.
Si elle revendique complètement la fiction – genre qu’elle privilégie pour la liberté totale qu’elle confère – en se détachant des contraintes de la discipline historique, ses récits puisent dans les événements, qu’elle agence et accommode pour leur rendre leur épaisseur et donner chair aux personnages qui les animent. En résumé, à la manière d’une Alexandre Dumas des temps modernes – un des auteurs qu’elle affectionne -, les écrits de Laura sont “de la fiction dans un contexte réel”.
Écrivaine de fait et assumée, sa vie et ses activités ne se réduisent pas à cette unique pratique. Ses expériences et son parcours témoignent d’une personnalité vive, riche et affranchie. Sa trajectoire, comme ses compositions littéraires, est multi facettes, à la fois jalonnée d’étapes prestigieuses et ponctuée d’expériences surprenantes et hors des sentiers traditionnels. Licenciée en philosophie, diplômée de Science Po Paris et HEC – institutions où elle enseigne désormais -, passée par Google – département Arts et Culture – et l’institut Ipsos où elle a su puiser beaucoup de matière pour certains de ses romans, Laura est également lieutenant de la réserve citoyenne. Car, profitant d’un temps mort à la fin d’une année Erasmus, elle avait signé un contrat armée-jeunesse avec l’Armée de l’air où elle avait eu l’occasion de s’initier à la rédaction stratégique et prospective pour leur revue interne…
Beaucoup plus pudique sur sa vie personnelle, on comprend entre les lignes ses origines où se mêlent Europe du Nord et Méditerranée, creuset d’une éducation emplie de foi et de rigueur.
Désormais, Laura se pense avant tout comme une citoyenne francophone. Un peu à la manière des objets-frontière décrit par la sociologie, Laura est en quelque sorte une écrivaine-frontière : suffisamment flexible pour habiter un lieu ou un autre, naviguer d’un rendez-vous à l’autre, passer d’une activité à l’autre, ou encore explorer un monde ou l’autre, mais suffisamment intègre pour ne pas se départir de son identité : rester libre de penser et d’écrire.
Portrait par Cécile Coulmain