Le blog de la Guilde des Plumes

À lire : l’interview d’Anne Pédron-Moinard dans Brief

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La Présidente de la Guilde a répondu aux questions d’Antoine Gazeau, rédacteur en chef du magazine Brief, dans le numéro de février.

La Guilde des plumes est lancée en mars 2019 mais quand l’idée de sa création vous vient-elle ?

À la base, il y a un constat : il existe des réseaux de communicants en France, mais les plumes n’y sont pas intégrées – alors qu’elles le pourraient. Il existe en revanche un réseau européen des plumes. Au printemps 2018, avec une amie plume, nous nous rendons à Oxford pour assister à l’un de ses grands rendez-vous. à notre grande surprise, nous sommes les seules Françaises !

Êtes-vous étonnée ?

Oui et non. Dans le monde anglo-saxon, avoir une plume est un signe extérieur de notabilité. Cela signifie qu’on atteint un certain « standing ». En France, l’activité demeure au contraire très secrète. Elle pourrait pourtant très bien s’assumer. La question n’est pas seulement de savoir bien écrire. Elle est de gérer les posts Facebook, de décliner les éléments de langage pour une émission TV, de réfléchir à la fois à l’édito et au discours du soir. Le personnel politique n’a pas le temps de tout faire. Ce n’est pas parce qu’un élu ou un dirigeant a une plume qu’il est une marionnette.

Revenons à Oxford…

Les dirigeants du réseau européen nous disent en substance : « C’est incroyable, au vu de votre amour de l’éloquence et de la réthorique, que vous n’ayez pas votre réseau de plumes. » Ils nous proposent d’organiser une conférence à Paris. Elle a lieu le 26 octobre 2018. Et nous sommes 40 ! La journée est à la fois drôle et dense intellectuellement. On réalise qu’on a tous les mêmes problématiques, qu’on a besoin de se nourrir. Bref, il y a un public, une envie, il ne manque plus que la structure.

La voilà donc née. Que propose t-elle ?

Notre but est en fait triple. Il s’agit d’abord de créer un réseau professionnel. En France, les offres d’emploi des plumes ne sont pas publiées, toujours dans cette logique de secret évoquée plus haut. On veut élargir le réseau du bouche-à-oreilles : c’est une bonne chose pour les plumes, mais aussi pour les recruteurs, qui trouvent ici un nouveau vivier. Il s’agit, deuxièmement, de créer un réseau de formation par les pairs. En France, je ne connais pas vraiment d’endroit où l’on apprend à écrire. Nous faisons venir, dans nos réunions, des professionnels qui ont l’écriture pour point commun. Nous répondons alors à ce besoin, qu’on a tous, de se nourrir pour se renouveler. Nous envisageons, plus concrètement encore, de lancer des ateliers d’écritures, des sessions sur trois ou quatre jours par exemple.

Et la troisième idée ?

Elle est de créer une véritable communauté, en organisant des événements du type « Un café avec… » pour présenter différents parcours de plumes. A terme, on aimerait aussi proposer un prix, non pas de réthorique ou d’éloquence, mais qui récompenserait l’écriture d’un discours.

Cela concerne assez peu les communicants publics, au final…

Au contraire ! Les ponts se font régulièrement. Dans les collectivités, les plumes échangent beaucoup avec les community managers, les cabinets, mais aussi les dircoms, puisque les discours font partie de la stratégie de communication. Et beaucoup de plumes deviennent dircoms. C’est en tout cas souvent une des portes de sortie qu’on leur propose.

Et l’association a-t-elle du succès ?

J’en ai l’impression… Elle réunit une cinquantaine d’adhérents alors qu’elle est réellement lancée depuis septembre, avec la mise en ligne du site Web, et environ 150 personnes sont abonnées à la newsletter. Il y a dix ans, ce n’aurait pas été possible. Les élus ou dirigeants n’étaient pas à l’aise avec cette idée, et il fallait leur aval pour s’afficher dans un « club ». Aujourd’hui c’est assumé, même si notre statut est vraiment variable d’une collectivité à une autre : il y a trois plumes officielles à Paris mais beaucoup de métropoles ou de conseils départementaux n’en ont pas. Souvent, quand il n’y a pas de plume attitrée, c’est le dircab adjoint qui écrit les discours. Et même s’il ne sent pas légitime à se dire plume, il a toute sa place dans la Guilde !

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