Le blog de la Guilde des Plumes

Florence Loncq, au fil des mots

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Elle est venue à la plume par passion pour la littérature. Amoureuse des mots depuis toute petite, Florence a découvert la lecture comme une évidence, et a très vite dévoré les livres de la bibliothèque familiale. Aujourd’hui encore, les livres occupent une place essentielle dans sa vie. En ce moment, elle relit la correspondance amoureuse entre Nelson Algren et Simone de Beauvoir. Elle y retrouve son admiration pour la figure de l’intellectuelle, libre, indépendante, courageuse, passionnée, une admiration d’adulte qui perçoit aussi les failles, les non-dits, les sinuosités de cette icône féministe et littéraire qui a marqué son adolescence. Son ambition lorsqu’elle était au lycée était de devenir une « intellectuelle », comme Simone de Beauvoir. A l’écouter parler de son métier, de la façon dont elle l’exerce, on se dit qu’elle a choisi la bonne voie.

Plume depuis 4 ans au sein du Cabinet de conseil et d’audit Deloitte, Florence a trouvé « le job de ses rêves », dans lequel elle peut pratiquer différentes formes d’écriture, sur des sujets très variés. Du discours à la tribune, d’articles de blog aux scripts de vidéos, elle travaille avec la patience d’une sculptrice, « pour faire surgir une forme d’un bloc ». C’est ce moment d’émerveillement toujours renouvelé qui lui plaît le plus. Ce moment où la pensée prend forme en mots, pour « éclairer les gens sur leurs propres idées » et permettre ensuite aux autres de s’approprier des sujets parfois ardus, en les rendant accessibles, en les embellissant de ses mots. Elle se met d’ailleurs souvent à la place de son lecteur ou de l’auditoire. Aurait-il envie de continuer la lecture ou l’écoute après cette phrase ? Ce paragraphe ? Elle s’inspire aussi beaucoup de l’écriture journalistique, qui oblige à la concision et à la clarté en gardant toujours un pied dans la réalité.

Journaliste, c’était d’ailleurs une des voies qu’elle aurait pu emprunter. Après son bac littéraire, elle se laisse guider par son amour de la lecture et de l’écriture, qui la mène sur les bancs d’Henri IV en classes préparatoires, puis à l’Ecole Normale Supérieure de Lyon, section Littérature française. Elle intègre ensuite l’ESSEC et s’initie pendant 4 ans aux réalités du monde de l’entreprise. La figure de l’intellectuelle cède un peu la place à celle de la business woman ! A l’occasion d’un stage à Montréal, elle se retrouve à écrire pour le journal interne de l’entreprise et cette mission agit comme une révélation : on peut faire de l’écriture son métier, hors des figures imposées de l’écrivaine ou de la journaliste dans un grand quotidien. De retour en France, elle s’oriente vers la communication éditoriale, travaille en agence où elle gère des projets de A à Z, ce qui laisse moins de temps pour la plume, reléguée aux soirées et aux WE. Quand l’occasion se présente chez Deloitte, elle n’hésite pas une seconde. Devenir plume à plein temps aura pris du temps, quelques chemins de traverse mais c’est ainsi qu’on laisse les choses décanter, un peu comme dans l’écriture.

Ne pas se précipiter, attendre et se brancher sur un courant, un flux de pensées, une rythmique pour trouver la bonne voix. Florence n’a pas vraiment l’angoisse de la page blanche : elle sait que ça va venir alors elle lance sa playlist, enfile ses lunettes contre la lumière bleue des écrans pour signifier à ses mains et son cerveau que c’est le moment.. Ensuite les choses viennent, souvent dans les activités les plus quotidiennes : prendre sa douche, marcher jusqu’au métro. Mais ce qu’elle préfère pour l’inspiration, ce sont les longs trajets en train ou en avion. Elle y écrit des bouts de phrase dans sa tête, les note sans savoir ce que cela va donner. Et puis, à la fin du voyage, les choses s’agencent, comme ce portrait écrit entre Los Angeles et Paris. Un texte qui met en valeur la qualité première pour être plume selon Florence : l’empathie. La capacité à écouter l’autre, à se mettre à sa place tout en gardant une certaine distance, pour apporter la rigueur, la concision, le formalisme dont la pensée a besoin.

Ensuite c’est une question de travail. Ne pas enfoncer de portes ouvertes, éviter le jargon, repasser ses phrases, « purger systématiquement » son style qu’elle trouve parfois un peu trop lyrique. Et surtout, soigner les transitions, qui sont le sel d’un texte, sa colonne vertébrale. Florence sculpte ses textes, sous tous les angles, attentive à la légèreté du mouvement et au grain des mots. De la figure de l’intellectuelle, elle a gardé dans l’artisanat de la plume la soif de comprendre et l’art d’expliquer. Pari réussi !

 

Copyright Photo : Sonia Salvador – Tous droits réservés 2019