Le blog de la Guilde des Plumes

Retour sur le café avec Mickaël Moreau

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Alors qu’en ce vendredi 13 mars, le mot « coronavirus » ne rimait pas encore avec « confinement », les membres de la Guilde s’étaient réunis dans un café – bienheureux le confiné qui lira ces deux mots sans nostalgie ! – autour du journaliste Mickaël Moreau sur un thème indémodable, les « plumes du pouvoir ».

Thème qui intéresse d’autant plus les membres de la Guilde et leurs camarades que certains ont été eux-mêmes, ou sont encore, plumes de responsables politiques. Comme ce fut le cas à la lecture de la BD Quai d’Orsay de Christophe Blain et Abel Lanzac, nul doute qu’ils se retrouveront plus d’une fois dans les vivants témoignages recueillis par l’auteur du livre, au fil de ses entretiens avec un riche échantillon de ces artisans du discours, de De Gaulle à Macron.

Se voient-ils comme des conseillers du prince, des scribes du pharaon, des communicants de l’ombre ? Si la fonction au service des puissants a de quoi faire rêver, l’ego d’une plume est pourtant mis à rude épreuve, comme en témoignent les exemples recueillis dans cet ouvrage – tel Président de la République corrigeant impitoyablement chaque nouvelle version du discours de sa plume jusqu’à la dernière minute, tel autre faisant du découpage pour positionner autrement les phrases au gré des avis de ses différents conseillers…

Avant que le discours ne charrie des formules qui – peut-être – changeront le monde, la plume sera passée par des étapes tantôt exaltantes, tantôt humbles et besogneuses, jusqu’au prononcé qui, par définition, lui échappe. La réception du discours dépendra non seulement du talent oratoire de son commanditaire, mais aussi du contexte. On n’écrit pas de la même façon à l’époque de François Mitterrand qu’à l’heure des chaînes d’information en continu et des réseaux sociaux. On ne relit pas un discours de la même manière non plus, quand la légitimité de l’orateur, si brillant soit-il, peut aujourd’hui être ébranlée par une erreur de chiffres passée au tamis du « fact-checking ».

Quel est le poids des plumes sur l’appareil conceptuel du discours? Quel rôle pour le « storytelling » ? Quel critère se donnent les plumes pour juger de la réussite d’un discours ? Autant de questions que pose cette revue d’expériences diverses, dont les plumes comme les observateurs de la vie politique tireront profit. Réflexion particulièrement bienvenue, qui plus est, en cette période de crise où l’on attend des dirigeants qu’ils trouvent les mots justes pour répondre aux questions, légitimer les décisions et tenter d’esquisser, tant bien que mal, le monde d’après.