Le blog de la Guilde des Plumes

Alexandra raconte la Retraite d’écriture 2025 de la Guilde des Plumes

4834 signes espaces compris

Je ne sais pas pour vous, mais mon activité de plume n’était pas ma première vocation. Ma première vocation, dès que j’ai commencé à lire des romans, était « écrivaine ». Et nous sommes assez nombreuses à la Guilde des Plumes à avoir des choses à dire, à écrire, sous diverses formes, en notre nom personnel, en plus de nos missions d’écriture « avec et pour les autres ». Mais où trouver le temps, et l’espace, quand s’autoriser à écrire pour soi ?

Une « chambre à soi »

Depuis trois ans, la retraite d’écriture de la Guilde des Plumes offre cet « espace-temps » à ses membres, qui se retrouvent quelques jours dans une grande maison, avec à chaque fois un grand jardin, et parfois la proximité de la mer, pour créer une bulle propice à la créativité et aux travaux personnels.
À la fin de ce mois d’août, nous étions six femmes, romancières et poètes, à nous retrouver dans le Finistère, le long du Stêr, à 10 minutes à pied de son embouchure et de la mer.

Le Stêr à marée basse

La maison avait été choisie parce qu’elle offrait plusieurs possibilités d’espace de travail : pour certaines une table ou un bureau ancien dans les chambres, la grande table en bois de la cuisine, une aussi grande table dans le salon, deux tables basses (sur le premier palier et dans le salon) et pour les lectures ou relectures, canapés et fauteuils. Sans compter l’espace jardin ! Pas d’excuse donc : les conditions étaient idéales pour trouver le cadre approprié à nos expressions personnelles.

Un cadre idéal : intérieur et extérieur…

Et si l’on dézoome : au bout d’un sentier, se trouvait ce petit fleuve côtier, le Stêr, soumis aux marées. M’y rendre chaque matin permettait de me mettre en mouvement, et échauffer aussi le cerveau embrumé du réveil. À marée basse, nous pouvions y cueillir de la salicorne, que je sais maintenant identifier grâce à Laureline.
Pour la confection des repas, nous avons constitué des binômes. Et alterné entre : repas froids en libre-service le midi pour respecter les rythmes de chacune, et repas partagés, pour le plaisir d’être ensemble, et de profiter des talents culinaires des unes et des autres, sans esbroufe, dans la simplicité et la joie.
Le mot « joie » est important, car l’écriture peut aussi être un labeur. L’inspiration vient, ou ne vient pas, les mots coulent… ou prennent leur temps pour se formuler. Ma voisine de table de salon, Véronique, me semblait en tout cas très inspirée, au vu du rythme de ses tapotements sur le clavier.

Véronique Campillo et Alexandra Fresse-Eliazord à la table du salon

Pour ma part, j’alternais entre lectures documentaires et celles de mes carnets sur le canapé en face de Valérie qui terminait la relecture de son roman, et écriture à la « table de travail »… et d’indispensable respirations, qui permettent de mettre les idées en flottement et de voir comment d’elles-mêmes elles se posent, sédimentent ou s’enfuient très loin portées par le vent. Si l’on dézoome encore, il y avait une grande plage de sable fin, de l’autre côté du pont, et la mer accueillante à souhait pour rafraichir les neurones en ébullition, ou, autre ambiance, les rochers de l’autre côté du port avec un enchainement de criques sauvages.

Se laisser porter…

Le vent, lui, est arrivé le quatrième jour avec la houle cyclonique des restes de l’ouragan Erin, qui ne nous a pas empêché, avec Sonia et Véronique, de faire l’unique mais indispensable visite touristique du séjour à l’Ile-Tudy toute proche et se laisser toucher par la poésie des lieux sous un ciel changeant.

Dernière soirée : soirée lecture dans le salon

Si l’on dézoome encore plus, d’où vient l’inspiration ? Le moment le plus joyeux pour moi fut peut-être ce retour de balade nocturne avec Catherine où nous avons aperçu une trainée étrange dans le ciel étoilé, sorte de queue de comète sans comète et très visible à l’œil nu, pour laquelle nous avons inventé mille possibilités d’histoire. Il s’est avéré que c’était le dégazage d’une fusée chinoise qui partait… très loin de nous. Nous qui, « les pieds sur terre et la tête dans les étoiles », continuons d’écrire « des choses » qui parfois nous arrivent d’on ne sait où, mais pour lesquelles nous ressentons la nécessité de faire atterrir des mots, pour les partager.

Alexandra Fresse-Eliazord

Lauréline Lesselingue

Catherine Vannier Bigot

Valérie Van Oost

Sonia Pavlik