Le blog de la Guilde des Plumes

Démosthène, Sur la couronne, 330 av. J.-C.

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🌍 D’abord, le contexte : en 330 avant Jésus-Christ, les cités grecques ont dilapidé une partie de leur puissance en luttes fratricides. Athènes en particulier est alors en butte à l’expansionnisme d’un royaume situé au nord, la Macédoine sur laquelle règne alors Philippe – père d’un certain Alexandre…

Face à la menace macédonienne, Athènes est profondément divisée entre partisans de Philippe et défenseurs de la cité, au premier rang desquels figure Démosthène. Ses exhortations à se défendre contre les visées du roi Philippe sont ainsi passées à la postérité sous le nom de philippiques.

À la fin des années 330, le peuple athénien a voulu récompenser Démosthène d’une couronne d’or, pour avoir notamment redressé les murs d’enceinte de la cité. Mais les partisans athéniens de Philippe ne l’entendent pas de cette oreille et attaquent Ctésiphon, instigateur de cette récompense. Démosthène choisit courageusement de défendre son ami.

👊 Tel est le discours sur la couronne, un plaidoyer… couronné de succès ! Son contradicteur, Eschine, finit par être banni de la cité.

❓ Les enjeux (géo) politiques de la cité athénienne opposée à Philippe de Macédoine nous paraissent bien lointains. Pourquoi, alors, le discours sur la couronne est-il passé à la postérité ? C’est que dans ce texte majeur, Démosthène fixe les règles qui seront celles de bon nombre d’orateurs, au fil des siècles. L’ordre du propos, en premier lieu : exorde, narration, conformation puis péroraison structurent le discours sur la couronne.

💡 Mais surtout, Démosthène a recours à un procédé rhétorique promis à un bel avenir : il place ses arguments les plus marquants au début et à la fin de son propos. Le discours sur la couronne commence et s’achève sur les arguments politiques tandis que les réponses purement juridiques occupent le milieu du texte.

👑 Démosthène vient nous rappeler que début et fin constituent souvent les temps forts de toute allocution. Il emporte ainsi l’adhésion… et suscite un flot ininterrompu d’admirateurs, de Cicéron à Shakespeare en passant par Jules César et Jean-Jacques Rousseau !

Antoine Momot pour La Guilde des Plumes