Le blog de la Guilde des Plumes

David Lodge et moi (brève histoire de ma vie)

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👶 Années 60 : premières publications de l’écrivain britannique David Lodge.
Je ne suis pas en âge d’être concerné.

👨‍🎓 Années 80 : les pires, pour ce qui me concerne.
Je suis étudiant. Dans mon souvenir, il pleut, je suis famélique et j’ai tout le temps froid. Je passe mon temps dans les bibliothèques, les archives et les transports en communs où je lis « La Chute du British Muséum » et tous les romans « universitaires » de Lodge, un de mes rares réconforts.

🤦‍♂️ Années 90 : j’en ai enfin terminé avec les études
10 cartes d’étudiant quand même – et je cherche un emploi. Problème : je ne connais rien au monde professionnel n’ayant jamais fait ne serait-ce qu’un simple stage en entreprise. Heureusement, j’ai un parfait viatique avec « Jeu de société« , qui supplée à mon manque d’expérience.
Je m’insère tant bien que mal dans la société (assez mal en fait). C’est le moment où je lis « Thérapie« , le roman le plus drôle jamais écrit sur la dépression, les problèmes de couple et Kierkegaard – exactement ce dont j’ai besoin.

⏸️ Années (20)00 : je fais une pause
Pendant presque 20 ans, pas de relation avec Lodge…
Tous les Rivages poches prennent la poussière dans ma bibliothèque aux cotés des John Irving, Brett Easton Ellis, Paul Auster ou Jonathan Coe.
Vestiges de cette époque où la littérature anglo-saxonne était reine et je voulais avoir lu TOUS les livres.
J’ai arrêté, j’ignore pourquoi.

👨‍🦳 Années 20 : j’entre à reculons dans l’âge de la décrépitude.
J’ai besoin d’un peu de mise en condition et je lis avec des années de retard le formidable « La vie en sourdine » (le titre anglais, excellent, est intraduisible : Deaf Sentence).
C’est un moment de ma vie où je passe du temps à l’hôpital à visiter mes parents ou mes médecins divers. Justement ce livre traite de surdité, de prostate et d’Alzheimer – Chic !

Je m’interroge alors : pourquoi ai-je arrêté de lire Lodge alors que dans ses romans on trouve

😮 suspense :
on s’attache tellement à ses personnages qu’il est impossible de poser le livre avant de savoir ce qui va leur arriver ;
😂 humour :
si vous le lisez dans le métro, attendez-vous à des rires irrépressibles sous le regard interrogateur de votre voisine de banquette ;
✍️ créativité formelle :
toutes les formes de récit sont explorées : correspondance, journal intime, article de presse, rapport de police… et il n’hésite pas à manipuler avec virtuosité sa lectrice, son lecteur, qui en redemandent.

⚰️ Las ! David Lodge est mort le 1er janvier 2025.
Je fais le vœu de finir de le lire ET de le relire avant la fin des années 20.

🙏 C’est Delphine Valentin des Éditions Rivages qui m’a soufflé l’idée de ce post parce qu’elle devait participer ce 22 janvier à l’émission du Book club spécial Lodge sur France Culture.
Grâce à elle et à cette petite rétrospective, je me suis rendu compte combien ses livres avaient compté pour moi.

 

Post LinkedIn de Laurent Jauffret pour La Guilde des Plumes